Le ciel restait très nuageux à Magny-Cours pour le début de la séance de qualification – la pluie épargnait néanmoins le circuit nivernais, entièrement praticable.
Forfait à Indianapolis suite à son accident du vendredi, Ralf Schumacher était le premier à s’élancer cet après-midi. Le pilote de la Toyota ne bénéficiait pas des meilleures conditions de piste – virait un peu au large à Adélaïde – pour
finalement boucler un tour en 1’15.771, performance avec laquelle rivalisait David Coulthard.
L’Ecossais allait perdre un peu de temps en fin de parcours et accusait un peu plus de 6 dixièmes de retard au terme de son tour de qualification.
Nick Heidfeld se donnait au maximum à bord de sa Williams BMW mais ne parvenait pas à passer sous la barre des 1’16 au tour. La Red Bull de Christian Klien ne semblait pas plus à l’aise que son camarade d’écurie – le seul avec qui le jeune autrichien pouvait rivaliser cet après-midi.
Un peu plus rapide que les Red Bull dans le premier secteur, Jacques Villeneuve réussissait à prendre un petit avantage sur Ralf Schumacher dans le deuxième et installait même la Sauber en tête des computers - 72 millièmes devant la Toyota !
Juan Pablo Montoya partait le couteau entre les dents, avalant les 4.411 km à un rythme effréné. Le Colombien améliorait chacun des trois partiels pour finalement couper la ligne de chronométrage en 1’15.406 – un peu moins de trois dixièmes devant la C24 de Villeneuve.
Felipe Massa s’élançait à son tour à l’assaut du meilleur chrono – 45 millièmes de mieux que Montoya dans le 1er secteur. Le Brésilien poursuivait son effort et glissait sa Sauber juste devant celle de son équipier canadien.
Mark Webber n’ira pas inquiéter le trio de tête et devait se contenter de précéder de quelques dixièmes la FW27 de son équipier.
Takuma Sato affolait les chronos lors de son offensive. Le Japonais réussissait même à passer sous la barre des 1’15 sur le circuit de Magny-Cours, invitant sa BAR Honda en pole provisoire.
Fernando Alonso était bien décidé à répliquer au pilote nippon et l’Espagnol parvenait à prendre ses distances dans le dernier secteur et installer sa Renault à la 1ère place – 1’14.412 – le meilleur chrono du week-end à cet instant.
Lancé à la chasse de la pole position, Fisichella réalisait un tour ‘propre’ mais qui n’allait pas lui permettre de déloger Alonso de la 1ère place – ni de prendre l’avantage sur Takuma Sato. Jenson Button savait avoir les moyens de rivaliser avec les R25 mais le jeune anglais perdait un peu de terrain dans le premier et le deuxième secteur. Au final, la BAR Honda No3 se rangeait dans le sillage de la Renault… de Fisichella !
Victime d’une casse moteur vendredi, Kimi Raikkonen partait avec le handicap d’avoir à reculer de 10 places sur la grille de départ au terme de la qualification. Le Finlandais réalisait cependant une bonne performance – 2ème à 147 millièmes d’Alonso.
Trulli restait au contact des performances réalisées par Alonso sur les deux premiers secteurs mais Jarno ne parviendra pas à reprendre l’avantage dans le dernier, la Toyota de l’Italien signant néanmoins un meilleur chrono que la MP4/20 de Raikkonen.
Le duel entre les Minardi Cosworth de Friesacher et Albers et les Jordan Toyota de Narain Karthikeyan et Tiago Monteiro tournait à l’avantage des voitures jaunes malgré les pires difficultés rencontrées par l’Indien et le Portugais pour garder le contrôle de leur EJ15.
Rubens Barrichello entrait alors dans la danse, le Brésilien – en avance sur les deux premiers secteurs – perdait trop de temps dans le dernier pour rivaliser avec le Top 5. Michael Schumacher tentait à son tour de tirer son épingle du jeu mais l’allemand allait devoir se contenter de la 4ème performance – synonyme de troisième place sur la grille… aux côtés de Takuma Sato.
Le changement de météo est radical depuis Samedi matin, puisqu'un soleil radieux et des températures dignes du mois de juillet – 30°C dans l'air et 51°C sur l'asphalte – accueillent le 54è Grand-Prix de France, le 14è à se dérouler à Magny-Cours depuis 1991. Fernando Alonso est en Pole pour la 5è fois de sa carrière, devant Trulli et Schumacher. Kimi Räikkönen part 13è après son troisième temps la veille, à cause du changement de moteur effectué vendredi.
Après un tour de chauffe sans problème, les 20 voitures s'élancent proprement au moment du départ. Barrichello est particulièrement véloce en partant de la 5è place et il déborde aisément Sato avant le premier virage. Räikkönen gagne deux places dans les premiers mètres de course. Au deuxième tour, il déborde Jacques Villeneuve, tandis que Christian Klien s'arrête déjà en bord de piste, victime d'un problème technique.
Alonso creuse un écart de 4 secondes après trois tours. L'Espagnol s'envole à raison de plus d'une seconde par tour alors que Trulli casse légèrement le rythme de Michael Schumacher. L'avance de la Renault n°5 se porte à 11 secondes après huit tours, tandis que derrière lui, la Toyota est toujours chassée par la Ferrari. Räikkönen est bloqué derrière Massa et perd deux secondes au tour par rapport au leader.
Michael Schumacher ne parvient pas à trouver la faille derrière Trulli et il se contente donc de garder le contact, sans trop faire souffrir ses pneus dans la chaleur nivernaise. Les premiers arrêts interviennent au 15è tour, avec Trulli, Massa et Ralf Schumacher. Puis c'est au tour de Barrichello au terme de la 17è boucle. Un tour plus tard, Heidfeld, Trulli et Michael Schumacher s'engouffrent dans l'allée des stands. Ce dernier parvient à prendre l'avantage sur l'Italien grâce à un ravitaillement plus rapide.
Fisichella et Button rentrent au 19è tour, suivis quelques instants plus tard par Webber et Villeneuve. Fernando Alonso s'arrête devant les mécaniciens Renault au 20è tour.
Classement du 21è tour : Alonso, Montoya (+11s), Räikkönen (+14.3s), Schumacher (+28.3s), Trulli (+35.9s), Barrichello (+36.6s), Sato (+37.1s), Button (+38.2s).
Takuma Sato parvient à doubler Barrichello à l'épingle d'Adélaïde au prix d'une manœuvre plutôt osée. Le Japonais a profité du fait que la Ferrari dépasse des retardataires pour s'infiltrer à l'intérieur de la trajectoire. Les deux McLaren ont intégré le trio de tête grâce à une stratégie de course à deux arrêts seulement.
C'est au 25è tour que Montoya s'arrête enfin, tandis que son coéquipier aligne deux meilleurs tours consécutifs, le plus rapide en 1'16''423. Le Colombien parvient à ressortir juste devant la Ferrari de Michael Schumacher. Sato fait une attaque Samouraï sur Trulli à l'épingle et sort trop large, laissant filer quatre concurrents dans l'opération. Après avoir cravaché grâce à une piste enfin libre devant sa McLaren, Räikkönen ravitaille au 28è tour et reprend la piste en seconde position ! Le Finlandais aura ainsi débordé la bagatelle de 8 concurrents grâce une l'excellente tactique de course de McLaren.
Un tour plus tard, Massa s'arrête à son stand pour un arrêt imprévu. Moteur arrêté, le Brésilien abandonne.
Classement après 29 tours : Alonso, Räikkönen (+29.4s), Montoya (+32.5s), Schumacher (+33.7s), Trulli (+50.0s), Barrichello (+52.9s), Button (+54.5s), Fisichella (+55.0s).
Webber s'arrête pour la deuxième fois au 30è tour, tandis que Michael Schumacher est à la poursuite de Montoya. Les deux rivaux sont à l'attaque, le Colombien se défendant au prix de quelques allumages de roue. Au 34è tour, la Ferrari du septuple champion du monde s'arrête pour ravitailler un peu plus tôt que prévu, afin de ne pas faire perdre trop de temps à Michael, toujours derrière une McLaren qui est sur une tactique à deux arrêts.
Friesacher stoppe sa Minardi hors-piste, après une crevaison à l'arrière gauche. Cinq tours plus tard, son coéquipier est lui-aussi contraint à l'abandon après une violente sortie de piste à Estoril. Problème de gommes Bridgestone sur les PS05 ?
Alonso ravitaille pour la deuxième fois au 40è tour, suivi par son coéquipier quatre boucles plus tard. Trulli, quant à lui, ravitaille au 45è tour, ressortant juste devant Button, qui met rapidement le pilote Toyota sous pression.
Juan Pablo Montoya a sérieusement ralenti et tourne en 1'19''950 au 41è tour, puis en 1'21''264 un tour plus tard, à 4 secondes de son coéquipier ! McLaren Mercedes est une fois de plus victime de problèmes de fiabilité, qui laminent lentement mais sûrement ses chances aux deux championnats Pilotes et Constructeurs. La MP4-20 du Colombien défaille et Juan Pablo se fait passer par Michael Schumacher dans son 47è tour, avant de s'arrêter en bord de piste dans la ligne droite de Golfe. C'est un problème hydraulique qui contraint le Sud-Américain à l'abandon. Quelques instants plus tard, Takuma Sato sort encore trop large, cette fois-ci à Estoril, alors qu'il est aveuglé par de la poussière. La BAR passe très près des bordures avant de revenir en piste.
Au 51è tour, Michael Schumacher effectue son dernier arrêt et ressort devant Giancarlo Fisichella. Quatre tours plus tard, Barrichello et Räikkönen ravitaillent également pour la dernière fois. Le Finlandais conserve son deuxième rang tandis que le Brésilien sort des points. Fernando Alonso s'immobilise une dernière fois près de ses mécanos et ressort avec près de 20 secondes d'avance sur la seule McLaren encore valide.
Fisichella s'arrête quant à lui au 58è tour, mais cale en repartant. Button et Trulli en profitent pour gagner un rang, tandis que la Renault s'arrache enfin des stands, non sans avoir laissé échapper une grosse poignée de secondes. Le Romain boit le calice jusqu'à la lie en devant concéder un tour à son vainqueur de coéquipier. Giancarlo n'est plus monté sur le podium depuis la manche inaugurale de Melbourne, et n'est une menace au classement que pour Coulthard et Ralf Schumacher...
Les positions de tête restent figées jusqu'au terme de la 10è manche de la saison, Ralf Schumacher (7è) et Jacques Villeneuve (8è) complétant le Top 8 synonyme de points. Les Williams sont à la traîne et hors de points. Nick Heidfeld possède le triste record de 6 arrêts aux stands. A l'issue de la première campagne européenne, Sam Michael et Sir Frank Williams espéraient se battre pour la victoire à Magny-Cours, grâce à une grosse évolution aérodynamique. Les problèmes de refroidissement du bloc BMW ont plombé leurs espoirs.
Alonso remporte sa 5è victoire de la saison, au terme d'une course menée de bout en bout, et se voit décerner le trophée par Alain Prost, dernier vainqueur en date pour Renault sur terre française. Räikkönen ne concède que deux points au classement grâce à sa 2è place, mais n'est d'ores et déjà plus maître de son destin : s'il venait à remporter toutes les courses restantes, il ne serait pas champion si Alonso parvenait à monter sur la 2è marche du podium à chaque fois. Michael Schumacher complète le podium, mais le package Ferrari a démontré certaines limites, notamment, encore une fois en qualifications.
Rendez-vous dans une semaine à Silverstone, où le duel entre Renault et McLaren continuera de plus belle… avec un Räikkönen en quête de revanche et qui n'a plus rien à perdre.
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Meilleur tour : K. Raikkonen : 1'16"423